Plus de trente ans que la galerie Marie Vitoux existe. Toutes ces années ont été consacrées à défendre des peintres, sculpteurs, performeurs dont je pressentais les qualités artistiques. J’ai suivi mes impulsions, mes coups de cœur. L’émotion s’invite, étreinte ou extorsion ? Emovere veut aussi dire dérangement : c’est un art qui désinstalle.

 

Pour ne citer que quelques noms de Maurice Rocher, Rustin, Cremonini, Velickovic aux plus jeunes Olivier de Sagazan, C. Rizzo, N. Bourdreux, F. Metzger, C. Griffon du Bellay, P. de Laborderie… nous sommes face à ces portraits créateurs, directs parfois violents, et à ces surgissements, ces fulgurances d’ombres humaines qui apparaissent dans un espace perturbé, un temps illogique. Avec une parfaite technique le spectateur circule dans ce grand terrain vague de la vie : aventure qui dit l’insupportable et ses éclaircies. L’humain conscient de ce présent qui oscille, qui bouscule fait coïncider « liberté et nécessité ».

Cette lignée d’artistes que je représente se rattache souvent à l’expressionnisme mais aussi à une « figuration existentielle » toujours engagée dans le monde contemporain.

 

Marie Vitoux

© Philipp Hugues Bonan

Votre galerie est le lieu d’une violence au-delà de la violence : vous y montrez la déréliction de la condition humaine.  Et cependant tout autre chose une tendresse, une humanité illuminée par la traversée du malheur. Votre galerie est – si j’ose dire – devenue un manifeste.

Bernard Noël

Choisissant pour son catalogue le beau titre « Figuration existentielle » Marie Vitoux parle « d’aller au plus profond de soi, traverser des corps obscurs qui dansent en dehors et au-delà de la figure ». Figure, car clairement le corps humain est le meilleur exemple de la capacité de l’artiste de redresser même la matière, de contrôler l’informe et de lui donner une forme définitive et résistante. A aucun moment on ne peut s’abstraire de notre corps, et la peinture offre précisément la réincarnation de cette expérience du monde.

Itzhak Goldberg

Grande prêtresse du nouvel expressionnisme à Paris, dont elle est « la » tête chercheuse depuis des décennies, Marie Vitoux se bat pour la reconnaissance d’artistes aux desseins alternatifs. Un engagement absolu et anticonformiste, auprès d’artistes « qui en ont dans les tripes » !

Elle a soutenu sans faille – alors qu’ils étaient très isolés – de grands maîtres du XXe siècle tels M. Rocher, Rustin, Velickovic, Franta ou Labégorre, et parmi ses découvertes à suivre O. de Sagazan, N. Bourdreux, C. Rizzo, S. Navasse, C. Griffon du Bellay, P. de Laborderie…

Bref, immensément incontournable, dans le genre. 

Cf. Artension, Hors-Série n°15, mars 2015