Pascale de Laborderie, sculptrice, livre du corps à corps de ciment à l’état brut. Cette nouvelle exposition, Bouffées d’air, met en scène la danse (jazz et contemporaine), l’équitation (chevauchée, saut d’obstacle), les voix (les grandes, les petites) et un retour primitif, animal, des hommes vers la forêt.

Les danseurs en couple tournoient et les torsades des corps se transforment en torsades de vie, en des accumulations de désirs et de vibrations : la recherche de l’équilibre au profit de la fusion.

Dans le saut de l’obstacle, l’équilibre étonnant des formes accentue leur fragilité comme un défi à la pesanteur du ciment. Cheval et cavalière vont à l’extrême de leur action.

Les voix, elles aussi, clament jusqu’au cieux, à l’extrême, les notes nées de leurs entrailles. Les grandes voix mobilisent les mouvements et Les petites voix se réduisent à un orgue corporel.

Aux arbres ! les corps retrouvent la nature dans la forêt. Ils se dénouent, se délient, têtes et poitrines renversées, ils sautent et jouent avec des écorces.

Les sculptures de Pascale de Laborderie s’exhibent en toute liberté, résistant aux modes et aux temps : une scénographie vibrante et rebelle.

Marie Vitoux

Corps à corps de ciment

Composer l’armature, lutter avec le métal, le tordre et le souder pour former l’indispensable squelette du volume à venir ; puis modeler, pétrir, caresser pour envahir l’espace avec un matériau ductile, malléable et nerveux : le ciment adoucit de chaux.

Du ciment il faut accepter l’exigence du temps de prise et l’imprévisible pesanteur, la gravité. Au ciment il faut aussi donner du temps, prendre du temps, l’arroser comme une plante grimpante et le laisser mûrir au cœur des linges humides pour qu’enfin la forme épanouie dans sa densité finale trace un geste dans l’espace.

Pascale de Laborderie