Enfants demain

Agnès Baillon • Charlotte Kraimps • Juliette Lemontey • Sarah Navasse • Sabine Weiss

02 décembre 2021 - 22 janvier 2022

Sabine Weiss, Petite fille, petit arbre, Espagne, 1981

L’enfant, l’adolescent – sujet de fascination qui représente la condition humaine avec ses espoirs et ses émotions.

 

Agnès Baillon sculpte ses silhouettes et visages énigmatiques, en suspension des gestes et du temps. Ces figures blanches, conçues en papier mâché, réhaussées de feuilles d’or sont intemporelles, caractère sacré empreint d’humanité. Parfois les enfants se replient, silencieux dans leurs cachettes, c’est l’attente avant d’être découverts ! Sans crainte, ni angoisse ils regardent le monde qui les entoure. Univers étrange et sensible.

Charlotte Kraimps explore dans ses dessins toutes les possibilités de la mine de plomb et rajoute celle du fusain. Le flou et les détails marquent l’étrangeté des scènes sans en exclure la poésie. Une petite fille, grimpée sur les toits, nous regarde en grimaçant en compagnie de chats indifférents... D’autres enfants dégringolent des escaliers suspendus pour aller nulle part… Ce jeune enfant assis dans l’herbe est pris entre les flocons de fleurs et le ciel étoilé. Le passage entre la part du rêve et le réel est ambigüe et subtile.

Juliette Lemontey nous livre des êtres sans visages, des portraits pâles sans relief qui échappent au temps. Le support lui-même (quelques fois le drap) participe à ce moment vide de somnolence. L’artiste peint la trace. La peinture elle-même est comme un souvenir pâle, chair ocre, souligné de noir. Notre mémoire ne retiendrait-elle que des signes que le modèle donne à voir ? L’artiste signe le silence à la recherche de l’identité enfantine.

Sarah Navasse pense que « l’espace du dessin est le lieu idéal pour explorer l’illusion de plusieurs réalités qui se confrontent et nous parlent. » Ses portraits, ses scènes tissent des fils arachnéens sur lesquels la lumière s’accroche, brille, provoque des trouées dans les tonalités des gris délicats et saturés. L’enfance se lit à travers ces rideaux ajourés et nous replonge dans les jeux et les rêves interdits.

Sabine Weiss a toujours placé l’humain au cœur de ses tirages. « J’ai toujours vu la photo comme une manière de faire exister les gens. » À travers ses merveilleuses photos graves et rieuses des enfants, elle nous livre son expérience intime. Le gamin espagnol au tempérament de feu qui singe un cheval avec le mors aux dents marque toute sa vitalité et sa violence contre la misère de la rue. Deux jeunes adolescents esquissent avec fougue leurs premières sensations d’amour dans un terrain vague… et c’est dans une roue abandonnée que ce petit américain se love en riant.